Rencontre avec un dinosaure
L'effet Halo

Peut-on relancer l'économie avec des emplois de ménages ?

Menage

Quand on parle d’entreprises, de création d’emplois, de développement, on pense à nouvelles technologies, services, internet, et puis, formule magique dont Jean-Louis Borloo attend des miracles, les fameux « services à la personne ».. En clair, les aides ménagères, les femmes de ménage, les baby sitters,…

Tout le monde s’y met, même les professeurs, à faire des cours particuliers, même si Ségolène n’aime pas ça…

Le secteur représente déjà 1,5 millions de salariés, dont 1,3 millions travaillent pour des particuliers employeurs. (Source : La Tribune 5/03/07).

Par contre l’industrie, ça veut dire délocalisation, licenciements, Power 8 et fermetures de sites, bref, ce n’est pas le truc à la mode en France.

Pourtant, imaginer que ce sont ces services qui vont relancer la croissance, Bernard Brun, délégué général d’EDF, et auteur d’un rapport sur l’industrie envoyé cette semaine aux formations politiques, n’y croit pas du tout.

Interviewé dans "La Tribune" de lundi, il le dit clairement :

« Croire que l’on va relancer la compétitivité de l’économie du pays en subventionnant les emplois de ménages relève de l’illusion ».

Ce rapport est un cri d’alarme sur la situation de l’industrie en France : « En 25 ans la part de l’industrie en France est tombée de 30% à 20% du PIB, de 24% à 15% des emplois directs. Tandis que le nombre de créations d’entreprises a augmenté de 15% entre 1993 et 2005, celui des créations d’entreprises industrielles a diminué de 15% ».

Les coupables sont désignés : les pouvoirs publics et gouvernements ont tout fait à l’envers. Croire que la politique industrielle consiste pour l’Etat à faire bouger les entreprises et leurs décisions comme des petits drapeaux sur une carte d’état-major, a fait faire beaucoup de bêtises. Autre coupable : la fiscalité, et toutes les aides aux entreprises qui soutiennent les bas salaires, et conduisent à une « smicardisation de la société ». Autre ânerie dénoncée : les quotas d’émission de CO2 imposés en Europe ont conduit les entreprises à délocaliser les usines dans les zones géographiques non soumises aux restrictions d’émissions, et donc contribué indirectement à augmenter les gaz à effet de serre.

Est-ce-que ces éléments vont faire changer les choses ?

Bernard Brun n’est pas très optimiste, estimant que la détermination des politiques est « très insuffisante » :

«  Si rien n’est fait, la France, nation d’ingénieurs, se prépare dans la mondialisation, pour paraphraser Marc Bloch, à « une étrange défaite » industrielle, un juin 40 de l’économie ».

La solution proposée, c'est une politique industrielle, qui rend l'environnement plus favorable aux industries, mais surtout pas ces "grands programmes" de mécanos que l'on a connus dans un passé pas si lointain...

A l’heure où les candidats et politiques s’excitent sur les dossiers Airbus, EADS, Alcatel, ce message d’un représentant d’une entreprise industrielle et publique est particulièrement d’actualité.

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