Les anciens ont-ils autre chose à apprendre aux jeunes que des vieilles choses qui ne servent plus à rien ?
07 novembre 2006
Le Monde du 7 novembre, dans l’éditorial du supplément « Campus », signé par Marie-Béatrice Baudet et Antoine Reverchon,revient sur « les illusions du jeunisme ».
Ce jeunisme, il est dénoncé de façon récurrente, même Sarkozy nous l’a fait.
Ce jeunisme suspecté, c’est celui qui suppose que les jeunes seraient détenteurs de « compétences d’avenir » que les anciens seraient incapables de maîtriser, et qu’ils doivent donc au plus vite prendre le pouvoir, faire entendre leur voix, dans tout ce qui décide d’important pour la société.
Ceux qui font ces procès au jeunisme tombent dans un autre travers : les séniors détiennent le savoir, l’expérience, et donc il faut qu’ils les transmettent aux juniors pour leur donner les atouts de la réussite. En gros, ils considèrent que la meilleure façon de faire progresser les jeunes, c’est de leur donner des habitudes de vieux. Le discours des banques est assez marqué par cette tendance.
Or, cette croyance qui, comme le dit l’édito du Monde, « qu’il existerait des compétences spécifiques à chaque classe d’âge qui pourraient être transposées par blocs dans les cerveaux inexpérimentés des jeunes recrues », est toute aussi débile.
Et l’article, de façon pragmatique, de rappeler que « Les sociologues montrent que l’innovation, ou tout simplement la résolution des problèmes, provient de la synergie entre différents types de compétences, issues de la technique comme des règles de l’art, dont chacun peut partager l’usage tout en conservant la propriété, et dont il attend avant tout la reconnaissance ».
Suit un dossier très intéressant sur cette histoire de cohabitation « à risques » entre les juniors et les séniors.
En fait, toutes les attitudes de pro-jeunisme ou d’anti-jeunisme se caractérisent par une bonne dose d’arrogance de part et d’autre qui ne peut que rendre compliqué le dialogue.
En outre, nombreux sont ceux qui ne se donnent jamais des occasions de dialoguer avec des personnes plus âgées ou plus jeunes, selon leur situation, et qui ont de fait une vision assez théorique du sujet. Je parle d’écart d’âge d’au moins une génération. Bien sûr, ces dialogues existent (mais pas toujours avec le bon niveau de qualité) dans les familles, entre les parents et les enfants, ou bien dans l’entreprise entre le chef et ses troupes (mais là encore le lien de subordination change un peu la donne).
Non, le dialogue dont je parle, c’est celui de l’échange entre les générations, celui de l’écoute, de l’entraide.
Des jeunes eux-mêmes, loin de toutes les polémiques stériles, essayent de favoriser ce dialogue, et de rechercher des solutions, comme l'association Actenses.Leur but dépasse l'entreprise, et adresse aussi la représentation des jeunes dans le monde politique et syndical.
Mao disait dans son traité « de la guerre révolutionnaire » que ce type de guerre ne s’apprenait pas dans les traités militaires, ni en reproduisant les guerres antérieures, mais directement sur le terrain, dans le combat (« combattre, c’est apprendre »), et c’est pour ça que tout citoyen peut réussir. Sun Tsu aussi nous enseigne que « dans le monde, il n’y a rien de difficile, il faut seulement des gens désireux de bien faire ».
En fait seule l’expérimentation par chacun, comme dans la guerre révolutionnaire, permettra de débloquer ces situations d’incompréhension. Le tout est de s'y mettre.
Pourquoi ces réflexions ?
C’est parce que, grâce aux contacts intergénérationnels que permet le réseau des bloggueurs, j’ai expérimenté encore hier ce type de dialogue avec un fana du buzz marketing, et un expert en blog, en échange d’un peu d’aide dans ses recherches de contacts. Lequel de nous deux, grâce à cet échange sympathique, a-t-il le plus appris ?
Quelle drôle de question.....
Je ne sais pas si je t'ai appris quoique ce soit mais l'échange est toujours une bonne chose qu'il y ait ou non une différence d'âge!!
Rédigé par : vavapiolou | 07 novembre 2006 à 23:44