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Les ténors et les barytons de l'opéra de l'entreprise

Sauvons les barbies dilettantes !

Barbiedilettante_2 S'il y a bien un genre d'individu dont on ne veut apparemment pas dans l'entreprise moderne d'aujourd'hui, c'est bien le ou la dilettante. Genre cette barbie dilettante dont on ne voudrait même pas dans sa famille !

En effet, dans l'entreprise, le royaume de la performance, on veut des experts, des gens compétents, des professionnels, ceux qui s'accrochent aux objectifs, qui obtiennent des résultats. Oui, le résultat, c'est ça qui compte. Alors qu'un dilettante, c'est un genre d'amateur, à ne pas prendre au sérieux, qui n'obtient pas la performance requise, qui n'a pas le niveau du vrai professionnel.

Alors, les dilettantes, que doivent-t-ils faire ? se cacher pour mourir ?

Au contraire, nous en avons le plus grand besoin, et c'est l'entreprise sans dilettantes qui va mourir ?

Comment cela ???

L'origine latine du mot dilettante, c'est "delectare", qui veut dire "qui trouve du plaisir à ". Le dilettante, c'est celui qui prend du plaisir à ce qu'il fait; c'est celui qui vit sa vie comme une expérience perpétuelle. Il y eut des moments dans l'histoire où être un poète dilettante était une qualité, signe d'un mode de vie, et que la qualité de la vie était meilleure quand on s'adonnait à ce type d'occupation.

Aujourd'hui, il est incontestable qu'on privilégie plus les résultats que la qualité de l'expérience.

Pourtant, cette capacité à prendre du plaisir, à s'intéresser à des choses variées, n'est ce pas une richesse incroyable dont les entreprises auraient bien besoin ?

Privilégier exclusivement les experts et compétences, chaque fois plus spécialisées, c'est avoir dans l'entreprise, au summum de leurs compétences, des personnes qui, à force de savoir de plus en plus de choses sur de moins en moins de sujets, savent "tout sur rien".

Bien sûr, le vrai dilettante ne doit pas non plus être ce généraliste qui sait de moins de choses sur de plus en plus de sujets, et qui, au summum de sa compétence, saurait "rien sur tout", ressemblant en cela à l'expert.

Non, le dilettante, le vrai, est celui qui prend son plaisir dans ce qu'il découvre, dans sa curiosité. Il trouve dans tout ce qu'il entreprend ou fait une occasion de se réjouir, de jouir de l'instant. Il projette dans ses relations avec les autres ce plaisir de vivre qui est souvent communicatif. Il aime ce qui est nouveau, ce qui change.

Le danger serait pour lui, à force d'exercer son dilettantisme sur tel ou tel sujet, de sombrer dans le professionnalisme, ou pire, de se prendre pour un professionnel, de la photo, de la psychologie, du marketing, de la finance....Pour éviter ce travers, il doit constamment faire la différence entre le plaisir à faire ces activités, sans recherche d'expertise, et garder son attitude d'expert pour les domaines où il a réellement choisi d'être l'expert....pour le plaisir d'être expert....

Cette notion d'expérience, de plaisir, si elle vient à manquer dans les entreprises, condamne probablement à un environnement de travail qui n'encourage pas l'innovation, qui met sous contrainte des collaborateurs en résistance (passive-agressive).

Alors, oui, il faut sauver les dilettantes, et embaucher les barbies dilettantes, filles et garçons,  qui, quand elles auront fini d'essayer leurs chapeaux, nous apporteront ce dynamisme et cette créativité que les experts languissants n'arrivent pas à donner.

Cette origine des dilettantes, je l'ai trouvée dans l'ouvrage de Mihaly Csikszentmihalyi, "Flow", aussi disponible en français, qui est un long plaidoyer sur le plaisir de vivre (une vraie référence pour les vrais dilettantes, assurément).

Commentaires

P.H. Bergez

J'en suis un !
Et je sais que cette qualité me rend utile. En sociologie des communautés il existe une notion qu'on pourrait traduire par "passeur" (je n'ai plus le terme exact, il pourrait s'agir de "lurker" mais celui-ci est plutôt connoté négativement). Un passeur appartient à plusieurs sphères, il possède pour ainsi dire plusieurs langues lui permettant de comprendre et de communiquer avec des mondes plutôt éloignés comme par exemple les développeurs et les utilisateurs :-)
Au-delà d'une mission d'interprète, le passeur peut se comporter avec les bonnes idées comme l'abeille avec le pollen des fleurs : il assure l'ensemencement de nouveaux terrains. C'est pour les organisations une pratique au moins aussi efficace que le benchmarking tant dénaturé par ailleurs. Se priver de dillettante, c'est donc se priver d'un regard vers le monde extérieur et renoncer à penser "outside of the box".

Frédéric

j'en suis un ( ou une ! ).
D'ailleurs, je trouve rien à dire de plus... ce qui certifie certainement de ma qualité d'authentique barbie de la blogosphère !
D'ailleurs, je suis pressé, j'ai rendez-vous chez mon coiffeur.
Désolé de pas pouvoir vous faire perdre plus de temps.

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