Quelle marque voulez-vous tatouer sur votre corps ?
08 mai 2006
Il est des marques qui ont une telle valeur émotionnelle que certaines personnes (les clients les plus amoureux !) se les font tatouer sur le corps; c'est le cas de Harley Davidson.
J'ai l'impression de rencontrer ce type de personnes quand, à la question "que faites-vous ?", on me répond : "je travaille pour ...IBM, Air France, Thalès,..." et rien d'autre. A croire que la personnalité de mon interlocuteur s'est complètement fondue dans l'entreprise qui l'emploie. Il n'existe plus, il se confond avec la couleur de la marque. Je l'imagine avec le tatouage de son entreprise sur tout le corps...Cette réponse est souvent associée à un ton de voix qui démontre toute la fierté d'être ainsi propriété d'une marque respectable.
Bien sûr, il est satisfaisant pour une entreprise de savoir que ses collaborateurs sont fiers de travailler pour elle, et cette fierté se construit chaque jour en traitant ceux-ci le mieux possible pour les fidéliser.
Mais, quand même, pour l'individu, de quoi est constituée cette fierté ?
Généralement de la gloire, de la réputation passée de son entreprise, et de ses compétences actuelles. Mais en empruntant ainsi en permanence, pour se présenter aux autres, cette réputation et cette gloire, l'individu néglige quelque chose qui a probablement encore plus de valeur pour lui personnellement : sa marque personnelle, ce qui fait son projet, sa différence, sa valeur.
L'entreprise doit-elle se sentir responsable de cette négligence et s'en alarmer, ou bien s'en réjouir ?; après tout, c'est pas mal d'avoir de tels collaborateurs dévoués et assimilés à l'entreprise, non ?
Raisonnement à courte vue,car comment apporter à l'entreprise innovation, idées nouvelles, et prise de risque si on est recroquevillé dans sa gloire passée ? Et que dire de ce qui arrivera le jour où ce collaborateur tatoué devra changer d'emploi ou d'entreprise ? où Alcatel deviendra Lucent, ou l'inverse ? C'est une obligation pour l'entreprise d'aider ses collaborateurs à faire grandir leur marque personnelle.C'est la somme des marques personnelles fortes de ses collaborateurs qui feront la force et la pérennité de la marque de l'entreprise.
A ces personnes qui ne savent rien dire sur elles-mêmes que la marque de leur entreprise, la question à poser n'est pas "êtes vous fier de travailler pour cette entreprise ?" mais "Est-ce-que votre entreprise est fière que vous travaillez pour elle ?".
Ce travail de construction et de développement de sa marque personnelle semble un exercice trés difficile pour de nombreuses personnes. Je m'en aperçois chaque jour en interviewant des candidats pour PMP (oui, nous recrutons des consultants, avec des marques personnelles fortes) : cette difficulté à parler de soi, à communiquer son projet, à se montrer unique. Combien se présentent avec les marques de leurs employeurs successifs tatouées sur leur corps, et dont ils vous proposent la visite, plus ou moins guidée.
Pour aider chacun à se construire une marque personnelle plus forte, Rajesh Setty a écrit un guide en 9 étapes, "Beyond Code"; il a aussi un blog pour le SAV...
Il marche bien ce bouquin, même s'il n'a pas encore de version en français ; il est lui-même le fruit d'un vrai parcours personnel de construction de sa marque personnelle par ce jeune auteur d'une trentaine d'années : issu d'une famille "middle class" en Inde, il a décidé à 10 ans de publier un roman; à 16 ans il en avait publié 6! et quand il a eu l'idée de publier un livre sur la meilleure façon de construire sa marque personnelle, il s'est dit que la préface serait écrite par Tom Peters, qu'il admirait mais n'avait jamais rencontré; et devinez quoi : la préface du livre est écrite par Tom Peters ! Aujourd'hui il a créé sa propre entreprise de services informatiques.
Alors, avant de vous tatouer n'importe quoi sur le corps, pensez à votre marque personnelle !
Précisons toutefois que le tatouage est facultatif, et ne fait pas partie des 9 étapes de l'auteur...
Que dire sur ce billet ?
Excellent tout simplement ! ;-)
Rédigé par : Olivier Zara | 04 janvier 2008 à 23:45