Révolution de cadets pour un nouveau Pacte du Sens dans l'entreprise
22 avril 2006
Commencé en octobre 2005 à partir d'une réflexion sur les critères de succés d'un nouveau Pacte pour l'entreprise, une "Zone Franche",ce blog en est aujourd'hui à plus de cinquante notes.
Partant du constat d'une tension dans le monde de l'entreprise entre la vision des marchés financiers et la conception de l'entreprise comme un collectif humain, l'intention était de réfléchir aux bases nouvelles du management et de la performance durables pour l'entreprise d'aujourd'hui, privée ou publique.
Le moment est propice, car on sent bien de la part des nouvelles générations de cadres combien ils aspirent à une autre façon de vivre et de progresser dans les entreprises.
Cela rappelle la période pré-révolutionnaire, au moment de la réunion des Etats Généraux par Louis XVI. C'est à ce moment que le Tiers-Etat se vit rejoindre par une partie du clergé et de la noblesse. Cette noblesse dissidente était fortement composée de puînés. En effet, les fils cadets ne portaient pas le titre et étaient exclus des fonctions politiques auxquelles pouvaient prétendre leurs aînés. Ces cadets, sentant qu'ils ne pourraient profiter du succés politique de leur caste, se sont ainsi alliés à ceux qui prônaient un ordre nouveau, et ont fait basculer vers la Révolution. Le rôle actif du Duc d'Orléans, du vicomte de Noailles (instigateur de la nuit du 4 août, et puîné), et des frères du Roi, futurs Charles X et Louis XVIII, est connu.
Aujourd'hui, de même, certains jeunes cadres, comme les cadets d'hier, aspirent un management différent, à l'exercice d'un pouvoir qu'ils sentent confisqué par leurs aînés auxquels ils ne croient plus.
Il n'est probablement plus possible, aujourd'hui, de réduire la description de l'entreprise à son organigramme et à son organisation. Déjà, en 1995, deux auteurs, francis Gouillard et James Kelly, dans leur ouvrage "Du mécanique au vivant", proposaient une approche de la transformation d'entreprise à partir d'une vision de l'entreprise comme un organisme vivant. Ils identifient ainsi douze systèmes organiques , dont l'énergie mentale (capacité à se mobiliser), le système cardiovasculaire(la construction du modèle économique), le système musculaire (la reconfiguration des processus), et j'en passe.
Cette approche conduit les auteurs à proner cette reconfiguration des processus tous azimuts. Elle me semble aujourd'hui dépassée, et un peu compliquée. Elle correspond bien à cette vague de "Re-engeneering" qui a déferlé dans les années 90, et dont même Michael Hammer, un des pionniers de cette notion, a avoué dans un ouvrage ultérieur qu"elle n'avait pas tenu les promesses.
Aujourd'hui, ce qui apparaît clairement, c'est l'importance de la notion de réseaux pour décrire la complexité des systèmes d'entreprises.
L'entreprise n'est pas plus une organisation fermée qu'un "organisme vivant". Elle est intégrée à un ensemble de réseaux de "capital holders", qu'il faut savoir identifier et comprendre pour avoir la possibilité de transformer l'entreprise. C'est par l'accroissement de la valeur de ces réseaux qu'on pourra contribuer à l'émergence d'un nouveau modèle de valeur pour l'entreprise.
Cinq "capital holders" contribuent à la création de valeur :
- Les actionnaires : ils comptent et vont compter de plus en plus. Les actionnaires ne seront pas éternellement les rois Dagobert de l'entreprise, mais vont se montrer de plus en plus interventionnistes et activistes. (voir ICI). La bonne relation avecles actionnaires passe par la définition et la communication d'une Vision ambitieuse économique et sociale à 5 ans au moins.
- Les équipes de Direction :Ce sont les principaux "stakeholders" chèrs à thierry Breton (ICI); ces équipes constituent le capital de leadership en réseau qui doit se déployer dans toute l'entreprise. Il a besoin de cohérence et d'alignement, sur des périodes courtes (6 mois) et à moyen terme. Ce sujet concerne les réflexions sur les systèmes de rémunérations, l'actionnariat salarial, les tableaux de bord de progrés et les objectifs partagés de performance.
- Les clients internes : C'est le capital humain collectif, la communauté de travail dans son ensemble. On adresse ici les questions relatives à la formation, à l'acquisition et à la diffusion des nouveaux savoirs, savoir-faire, savoir-être.
- Les clients externes et les partenaires : C'est le capital de confiance de l'entreprise, qui constitue un actif immatériel majeur, si difficile à construire, si rapide à perdre. On parle ici de l'intimité client, et on la développe au travers du processus de création et d'innovation, ce concept dépassant une vision strictement Produit. C'est Jim Collins qui nous parle de "l'innovation sociale " ICI.
- L'entreprise de Soi-Même : C'est le capital humain individuel, auquel l'entreprise ne peut manquer de s'intéresser, car, si elle ne peut plus promettre l'emploi à vie, se doit de s'intéresser à l' "employabilité" de ses collaborateurs, et a une responsabilité grandissante dans la bonne gestion de ce paradoxe qui consiste à "réussir sa vie" (ambition individuelle) et "réussir l'ambition de l'entreprise" (Nous S.A). Ne pas ouvrir cette question c'est donner de l'ampleur aux comportements passifs-agressifs (ICI) et au cynisme (ICI).
C'est en apportant un regard nouveau, de la cohérence et du sens à ces cinq "capital holders" que l'entreprise peut valablement s'engager dans une dynamique intégrée et durable de progrés.
De nouveaux métiers apparaissent pour favoriser l'émergence et le déploiement du leadership et de l'entrepreneurship :
- les mailleurs de réseaux,
- les designers de la richesse individuelle et collective,
- les fédérateurs de talents,
- les sourciers de l'imaginaire.
Un nouveau Pacte ne sera possible que si tous ces métiers le signent ensemble, permettant de donner à l'ambition de l'entreprise et de ses collaborateurs:
- une signature d'investiseurs (actionnaires),
- une signature de leadership (équipes de direction),
- une signature de l'innovation (communauté de travail),
une signature de marque (les clients),
- une signature de ...talent (la personne).
A nous de mettre en place dans nos entreprises ce Pacte et ces nouveaux métiers.
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