Les jeunes générations vampirisées par les Dorian Gray soixante-huitard !
07 avril 2006
Nous connaissons ce roman d'Oscar Wilde, "Le portrait de Dorian Gray" (et aussi la superbe reconstitution holywodienne d'Albert Lewin en 1945, avec le trés beau Hurd Hatfield) où ce portrait permet à son propriétaire de conserver éternellement sa jeunesse et de donner libre court à la jouissance, au cynisme et à la débauche sur ses proies...
Une nouvelle version est proposée par La Tribune de Vendredi 7 avril , à propos du passage de générations dans les entreprises entre les "papy-boomers" qui s'en vont et ceux qui restent.
La CEGOS, qui vient de publier pour la quatrième année une étude sur le "choc démographique" met en évidence que le départ des aînés n'ouvre aucune perspective de carrière aux autres. 64% des 36-40 ans et 57% des 25-30 ans expriment ce sentiment d'absence d'avenir. Les entreprises ont avoué à la CEGOS (ce sont les DRH qui ont vendu la mèche...) qu'ils allaient profiter des départs des papy-boomers pour réduire les effectifs sans risque social.
La Tribune appelle les experts à témoigner et se fait le porte-voix d'un jugement sans appel :Ces "papy-boomers", anciens soixante-huitards, ont construit leurs politiques revendicatives en défense de leur génération, et tant pis pour les suivantes, aprés eux le déluge ! Ils laissent derrière eux..."un champ de ruines".
Louis Chauvel, professeur à sciences po, met en exergue "la captation d'héritage" des soixantes-huitards au détriment de leurs enfants.
François Dubet, encore un professeur, à Bordeaux, s'en prend également à ces "générations anciennes qui ont choisi la protection de l'emploi plutôt que la gestion de la flexibilité. La défense des systèmes de retraite traditionnels et le creusement de la dette plutôt que la réduction des déficits" en se disant "les jeunes n'auront qu'à payer ".
Et Pascal Junghans (joli nom pour parler des jeunes), qui signe l'article de la Tribune termine par cette formule abracadabrantesque : "Comme Dorian Gray, les soixantes-huitards ont voulu conserver une éternelle adolescence. En vampirisant la véritable jeunesse. Ne risque-t-elle pas de réagir radicalement ?".
Et alors, on fait quoi maintenant ? Que va faire cette jeunesse "vampirisée" ? être vampire à son tour ?
J'ai trouvé une réponse dans Les Echos de mercredi 5 avril, qui rend compte d'une étude d'IBM à propos de l'innovation, figurant dans leur rapport "Global Innovation Outlook 2.0" : selon cette étude, l'environnement et les formes des entreprises va changer profondément au XXIème siècle. C'est Ginny Rometty, senior vice président d'IBM, qui en a résumé les conclusions :
"L'entreprise du XXIème siècle est une organisation dite distribuée. La hiérarchisation qui a structuré l'entreprise du XXème siècle est en train de disparaître au profit d'organisations éparses en mutation permanente, dont les participants se rassemblent temporairement, souvent virtuellement, le temps de collaborer à un projet. Un modèle qui rappelle celui des jeux vidéos en ligne "massive multiplayer" où les collaborations et loyautés entre des milliers de joueurs se font et se défont au gré des évènements et des besoins. Serions-nous inopinément en train d'enseigner à nos enfants les compétences dont ils auront besoin ? "
On est rassuré : aprés le numéro des Dorian Gray soixantes-huitards, voici les jeunes qui vont transformer l'entreprise en jeu vidéo "massive multiplayer".....
Il y a des jours comme ça où l'entreprise ressemble à un vidéoclub !
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