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Esprit d'entreprise : es tu là ?

Entrepreneur_1 En ce moment quand on parle travail, on parle CPE, contrat, droits, salariés, etc..

Ségolène Royal vient d'ouvrir un site de débats et forums, "Désirs d'avenir". L'un des débats ouverts, c'est : "Comment concevoir le travail entre souplesse et sécurité ?".

Le but, c'est de "contrer la précarisation dans le travail", d'inventer des "sécurités nouvelles pour les salariés".

On ne parle pas dans ces échanges de ceux qui ont envie de se sentir "entrepreneurs", qui revendiquent cet "esprit d'entreprise".

Et pourtant, cette façon d'exercer une activité est constamment en hausse. Nombreux sont ceux qui aspirent à être indépendants, libres, qui ne veulent pas se lier par un contrat salarié, qui veulent créer et prendre le risque d'entreprendre.

Charles Handy, professeur anglais, prêche depuis longtemps pour de nouvelles organisations du travail où ceux qui sont libres et indépendants, éventuellement en groupes, ceux qu'il appelle "les puces", seront de plus en plus nombreux à tourner autour des "éléphants", les multinationales, qui externaliseront vers ce type d'individus la prise de risque, l'innovation, le service,... (voir son excellent ouvrage "the elephant and the flea").

Dans les grandes structures déjà établies, on rencontre souvent des individus brillants qui ont été attirés précisément par ce côté institutionnel; mais malheureusement, c'est aussi dans ces structures qu'ils se retrouvent placés dans des situations, des postes, enfermés dans des procédures, qui rendent l'initiative difficile, voire impossible. Une bonne part de l'énergie déployée par ces individus est utilisée pour tenter de conquérir les postes, et le sommet, avant les autres.

Alors que dans une structure  naissante, surtout si c'est la vôtre, vous n'avez pas à conquérir un sommet existant; c'est vous-même qui bâtissez le sommet et vous y situez.

C'est cet acte créateur, cette prise de risque, qui a conduit aux grands progrès et aux grandes innovations.

Regardons l'histoire des grandes figures de l'entreprise du début du siècle, Ford, Carnegie : à chaque fois un individu, une idée, un défi ont fait démarrer quelque chose de nouveau.

Cet "esprit d'entreprise" dont on a absolument besoin, il ne s'apprend pas dans les livres, et il n'est pas trés encouragé par les discours sécuritaires sur le salariat.

Pourtant, les salariés qui subsisteront dans le système, qui seront protégés, auront de plus en plus besoin de ceux qui prennent les risques, qui innovent, qui garderont l'envie de renoncer à des désirs personnels pour satisfaire ceux des autres : consacrer des années de travail, et ses moyens financiers, à procurer aux autres des biens nouveaux, à confier son destin à des inconnus, au marché, à des clients, tous soumis à une liberté de choix totale, dont la fidélité est de plus en difficile à obtenir.

C'est en fait un saut dans l'inconnu, une impulsion d'ordre quasi "mystique".

Dans les années 80, George Gilder avait trés bien cerné ce phénomène dans son ouvrage "L'esprit d'entreprise", qui contient de nombreuses histoires d'entrepreneurs, et un hymne au libéralisme et à l'entreprise.Charles Handy vient de sortir " The new alchemists", que je n'ai pas encore lu, mais qui me parait être de même nature.

Cet esprit d'entreprise constitue en fait un élément majeur de la réussite économique des pays, qui n'est pas du tout cerné par les chiffres habituels du PIB. C'est ce qu'on appelle le "capital immatériel".

Le programme qui saura capturer les ingrédients de celui-ci, qui fera participer tous les acteurs à son développement, l'Etat, l'Education, les créateurs d'entreprises, qui saura créer les vocations et permettra à tous ceux qui veulent travailler comme entrepreneurs de le faire de plus en plus, ce programme sera notre salut.

Les Etats qui auront les meilleures réussites en "taux d'esprit d'entreprise" seront les gagnants.

Je rencontre de nombreuses personnes, de tous âges, qui sont prêtes au défi, qui veulent apporter leur esprit d'entreprise, mais elles se sentent parfois comme des "inadaptées", "anormales", perdues au milieu des foules qui cherchent la sécurité, les contrats, les horaires de travail, la retraite, la sanctuarisation de leur "vie personnelle".

Elles veulent régler leur vie sur une croyance personnelle que leur esprit d'entreprise, leurs efforts, leurs mérites seront récompensés quoi qu'il arrive; qu'un jour, mystèrieusement, tous les éléments vont s'assembler et donner leurs fruits.C'est un processus complètement irrationnel, du domaine de la foi, presque, qui les fait se donner à fond dans leur passion d'entreprendre.Il les conduit à vouloir travailler beaucoup, à constamment remettre en cause les évidences et les acquis.

Elles n'osent pas en parler autour d'elles, de peur d'être prises pour des "malades".

Cette notion de "développer et encourager l'esprit d'entreprise", et de le faire vraiment, il va être intéressant d'observer si elle apparaît et comment dans les débats qui se préparent pour les prochaines échéances électorales.

En ce moment, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on est à marée basse.

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